Dépendant du ministère de l’Education nationale, le Cned (Centre national d’enseignement à distance) est le premier établissement public d’enseignement à distance en Europe. Au service de tous les âges, il scolarise plus de 250 000 inscrits : scolaires, étudiants et aussi ( 2/3 des inscrits) adultes demandeurs d’emplois, en reconversion professionnelle, bénéficiaires de la formation permanente, femmes au foyer, prisonniers, malades ...




Communiqué de presse

Vendre plus cher pour former moins bien (2010 - 2016 ?)

Dépendant du ministère de l’Éducation nationale, le Cned (Centre national d’enseignement à distance) est le premier établissement public d’enseignement à distance en Europe. Au service de tous les âges et dans le monde francophone, il forme plus de 250 000 inscrits : scolaires, étudiants et aussi (2/3 des inscrits) adultes demandeurs d’emplois, en reconversion professionnelle, bénéficiaires de la formation permanente, femmes au foyer, prisonniers, malades, … Une des missions importantes du Cned est donc de favoriser la promotion sociale en fournissant des formations qualifiantes ou diplômantes de qualité à des tarifs accessibles à tous. Aujourd’hui, toutes ces missions sont menacées.

En février 2009, dans le cadre de la « révision générale des politiques publiques » (RGPP) voulue par le gouvernement, le périmètre du service public a été réduit par décret. Au Cned, il ne concerne plus que la seule scolarité obligatoire. Conséquence : 80 % des formations relèvent dorénavant du secteur concurrentiel et doivent s’autofinancer. Fin 2008 un cabinet d’audit spécialisé dans le marketing est missionné. Un plan de modernisation a été mis en route pour la modique somme de 4  millions €. Il est chargé de la mise en place d’un plan de « modernisation » car comme l’a dit en 2004 Renaud Dutreil, ancien ministre de la Fonction publique : « Licencier dans les back office de l’Éducation nationale, c’est facile, on sait comment faire : on prend un cabinet de conseil, on change les process de travail et l’on supprime quelques missions ». Ce scénario bien rôdé a été expérimenté dans la privatisation de nombreux services publics comme EDF et France Télécom.

Moins d’un an après les conclusions du cabinet d’audit, les effets de la « modernisation » du Cned, telle que la conçoit sa direction générale se font sentir :

* Les tarifs augmentent massivement dès janvier 2010 : 20% en moyenne jusqu’à 48% pour certaines formations. Les tarifs préférentiels pour les chômeurs sont supprimés car, comme le précise M. Leroy (Recteur du Cned depuis 2009) : « le Cned n’a pas vocation à faire du social ».
* Les budgets alloués à la rédaction, la production et la diffusion des cours sont réduits.
* Zone de Texte: Communiqué de presseL’offre de formation du secteur dit « concurrentiel » doit donc se restreindre aux seuls produits « rentables » des « marchés porteurs » (les produits stars).
* De nombreux postes (enseignants, administratifs, techniques) sont supprimés ou en voie de l’être au point de mettre en péril la qualité des formations, le personnel ne pouvant plus assurer correctement sa mission. La décision de faire appel à la sous-traitance pour les services de lecture, de relecture, de mise en forme et d’impression des cours viendra encore davantage porter atteinte à la qualité des enseignements et à la réactivité des services rendus.
* En revanche, les budgets marketing et communication explosent afin de s’aligner sur la concurrence (la référence étant l’officine privée Acadomia) car là est la clé de la réussite future du Cned ! (mais la réalité montre que certains inscrits attendent toujours leurs cours… ou demandent déjà à être remboursés).
* Cette restructuration s’accompagne de méthodes de management calquées sur le privé commercial : plus question d’usagers, de cours, de formations, de professeurs et de pédagogie, mais de clients, de produits, de chefs de produits, d’unités d’affaires, de lignes de marché…

Comment ne pas comprendre qu’il s’agit bien, sous couvert de restructuration et de modernisation, d’un désengagement de l’État, pour des raisons à la fois comptables, idéologiques et d’une volonté de démantèlement du Cned comme service public de l’enseignement à distance ?

Au final, les effets de cette marche forcée vers la modernisation seront désastreux pour l’usager : réduction des offres de formation, augmentation des tarifs, baisse de la qualité.

Pourtant, plus que jamais en période de crise économique, financière et de chômage de masse, les besoins de formation initiale, permanente et professionnelle se font sentir. L’éducation et la formation, tout autant que la santé, ne sont pas des marchandises. La logique commerciale qui se met en place est à l’opposé des missions d’un vrai service public.

Qu’on ne se trompe pas : les personnels du Cned sont tout à fait favorables à l’évolution de leurs pratiques et à la modernisation des outils, à condition que l’objectif poursuivi soit une amélioration des formations permettant de mieux répondre aux attentes des inscrits.


En revanche ils jugent inacceptable de porter atteinte au droit pour tous d’accéder à l’éducation et à la formation en détruisant le seul outil d’enseignement à distance public. Les personnels du Cned ne l’accepteront pas et feront tout pour défendre un enseignement et des formations à distance de qualité au service de tous.